La peau. Notre vêtement peau comme tout vêtement devrait posséder une étiquette de composition, comme ces étiquettes cousues à l’intérieur du côté gauche de nos T-shirt, robe et chemise. Cette étiquette qui parfois peut dépasser du vêtement tellement elle est longue, qui nous gratte, qui nous gêne lorsque l’on bouge. Pareil à un vêtement, la peau pourrait être étiquetée. L’étiquette de la peau décrirait la composition du tissu cutané et donnerait des indications pour son entretien. L’étiquette préciserait avant toute autre entrée en matière : la peau doit être lavée au plus chaud à 40°C, ne se repasse pas mais peut être nettoyée à la vapeur.
Patrick : — Cette étiquette serait longue, très longue.
Corinne : — La peau a une composition hétérogène, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle réunit des éléments cellulaires, à savoir des composants vivants comme les kératinocytes, les fibroblastes, les mélanocytes et d’autres encore. La composition hétérogène de la peau ne s’arrête pas là. On y trouve également des composants inertes et acellulaires comme la kératine dont le rôle est d’assurer la dureté et la résistance de l’épiderme, le collagène qui assure la consistance du derme, l’élastine quant à elle assure l’élasticité du tissu-peau. On trouve aussi des glycosaminoglycannes qui assurent le rebondi du tissu-peau tels que l’acide hyaluronique, le chondroïtine sulfate, l’héparane sulfate, le kératane sulfate et des protéines de la jonction dermo-épidermique que sont la fibronectine, les laminines, l’aggrécane, le collagène de type IV, le perlécan, etc.
Patrick : — Le pélican ?
Corinne : — Non, le perlécan, c’est une protéine de la matrice extra-cellulaire.
Patrick : — Ah, je plaisantais !
Ainsi, parmi les cellules du tissu-peau, on trouve les dynamiques kératinocytes toujours en mouvement ascensionnel pour renouveler la peau, les fibroblastes quiescents qui synthétisent les fibres collagéniques et élastiques du derme, les noirs mélanocytes qui produisent le pigment protecteur contre les assauts du soleil. Il y a aussi quelques sentinelles telles les cellules de Langerhans, pour lutter contre les infections, et des terminaisons nerveuses associées aux cellules de Merckel pour parfaire le travail de contrôle des sensations. Pour ceux qui auraient peur d’oublier ces quelques données, ou qui les voudraient plus précises, voici en suivant une illustration de l’étiquette de composition de la peau. Ceux désireux d’avoir cette étiquette peuvent toujours la découper et se la coudre ou se l’agrafer – s’ils le supportent -. En effet, comme toutes les étiquettes, ça risque de grattouiller. Sauf si on la tatoue sous forme de QR-code .
Extrait du Livre TISSU DE PEAU, Corinne DECHELETTE, Patrick MOUREAUX, Donjons Editions, 2022. Illustrations Isabelle COLL. Préface Sylvie MAROT, Historienne de la Mode.
